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La Corée du Sud à vélo
18 juin 2009 - 25 août 2009
Pays d’artistes ou simple hasard ?

Les événements des premiers jours en Corée
Nous entrons à Pusan en Corée du Sud par bateau depuis le Japon. Le douanier offre le café à Christine et n’a que foutre du contrôle des bagages. Tout baigne comme si nous continuions de flotter lorsque !
Le Crédit Agricole des Savoie dont je suis client depuis 31 ans nous bloque nos deux cartes visas à cause d’un solde négatif de quelques euros.
Arrivée en Corée et pas un sous, pardon pas un won ! Assis sur le port proche de nos vélos, la nuit tombe. Rien à manger dans les sacoches que nous avions pris soin de vider pour passer les douanes.
Comme disait Nicolas Bouvier « dans le voyage, c’est lorsqu’on manque d’argent qu’il commence à se passer des choses intéressantes », voyons s’il disait juste !

Sissi, une touriste japonaise solitaire rencontrée sur le bateau, nous voyant ici à méditer une éventuelle solution, s’arrête histoire de discuter un moment et propose de nous inviter à manger une soupe de pâtes froides aux piments. Sans rien dire de nos soucis, le hasard fait bien les choses et nous passons ensemble un bon moment à table. Elle aime la Corée et nous parle des « gimgilbang », saunas bon marché (3 à 5 euros) où nous pouvons passer la nuit et tremper à volonté dans différents bains. Elle insiste pour nous y amener et nous invite à y dormir deux nuits.
Superbe expérience et bon compromis pour tout voyageur fauché, merci Sissi.

Gimgilbang à Séoul
Gimgilbang à Séoul

Les cartes visa ne sont toujours pas débloquées. Nous demandons alors à passer la nuit dans un temple qui nous fou dehors. L’hospitalité, un des fondements des soit disant valeurs religieuses...
Nous commençons alors à monter la tente sur le parking devant la porte mais un restaurateur nous propose gentiment de camper sur sa terrasse et un businessman nous invite à manger. Vous commandez deux repas et ne recevez pas moins de 30 assiettes accompagnées des fameux « gimchi », légumes fermentés froids et épicés dont l’invention date probablement de l’époque néolithique, excellent.

Un repas traditionnel coréen
Un repas traditionnel coréen

Les deux jours qui suivent nous campons dans « Geumjeong park » à l’extérieur de la ville afin de laisser passer le week-end. Un restaurant aussi égaré que nous, nous propose de manger un morceau. Les os ne ressemblent à rien de connus. Nous découvrons plus tard que c’était du chien. Les Coréens comme les Chinois ou Vietnamiens ou... mangent le chien. Pourtant, ils les aiment au point de les bichonner, étonnante contradiction pour nous, Occidentaux.

Petit chien et sa teinture
Petit chien et sa teinture

Les hommes aussi utilisent la teinture et en sont fiers, alors ils attendent sur le trottoir devant les salons de coiffure, serviette sur les épaules, que la couleur noire comme de l’encre se fixe sur leurs cheveux blancs.

Et notre retour en ville ne nous donne toujours pas d’argent...
On se balade à vélo, ou ballade à vélo au travers de Pusan. Pédaler, c’est penser et trouver une solution.

Artiste Sung Baeg
Artiste Sung Baeg

L’artiste sculpteur réputé Sung Baeg sur son scooter nous aborde et nous invite à loger gratuitement à Agit House.

Soo Young à Agit House
Soo Young à Agit House

C’est une association d’artistes en tous genres dans laquelle nous restons 17 jours à attendre et gagner quelques sous au travers de quelques présentations diaporamas, notamment à l’Alliance Française et un camp artistique d’étudiants coréens. Nous en préparons également pour plus tard à Daegu et Séoul.
Nous faisons alors la connaissance du chanteur d’opéra Paik Sang Woo, qui apprécie bien Christine.

Christine et Paik Sang Woo
Christine et Paik Sang Woo

De la chanteuse jazz Jai, qui apprécie bien Eric.

Concert de la chanteuse Jai
Concert de la chanteuse Jai

Peintres, sculpteurs, etc.

Agit House
Agit House

Au point de nous faire penser que la Corée est un réservoir d’artistes, ce qui fait d’ailleurs bien rire les Coréens qui ont tendance à penser le contraire.
Nous passons une journée à la plage, Christine en bikini est la seule ! Ici, les plus courageuses n’osent montrer qu’un bout de soutien-gorge aux Coréens machos, solides comme des rocs mais portant leur bouée. Peu d’entres eux savent nager, comme peu d’entre elle savent faire du vélo. Ces activités n’étaient jusqu’à présent pas dans leur culture.

Plage de Haeunde
Plage de Haeunde

Plage de Haeunde
Plage de Haeunde

Et nous prenons la route du nord pour Gyeongu, où nous visitons le célèbre temple bouddhiste de Bulguksa fondé en 528.

Les hôtels bon marché en Corée sont tranquilles mais pas forcément bien fréquentés. Or ce soir là, nous décidons de découvrir le « minbak », sorte de chambre chez l’habitant. Nous arrivons dans une superbe maison traditionnelle.

Minbak à  Gyeongju
Minbak à Gyeongju

La famille est cultivée. L’homme barbu septuagénaire est calligraphe, discipline spirituelle pratiquée par les lettrés. Il nous offre le repas puis l’une de ses oeuvres représentant une tortue, symbole de longévité.

Minbak à Gyeongju
Minbak à Gyeongju

Nous reprenons la route deux jours plus tard, sans facture à règler. Les hôtes nous expliquent que dans la tradition coréenne, il y avait dans le mur d'enceinte de la propriété, des petits espaces ou les voyageurs pouvaient dormir gratuitement à l'abri.
Nous arrivons à Daegu où l’Alliance Française nous attend pour présenter notre diaporama pour la réception officielle du 14 juillet, fête nationale française. Nous sommes encore invités à loger quelques jours, cette fois au Café Namou. Nos finances finissent par s’améliorer mais nous utilisons maintenant www.couchsurfing.org et www.hospitalityclub.org afin d’éviter les hôtels qui sont la ruine de tout voyageur au long cours. Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont deux associations avec plusieurs millions d’inscrits qui s’organisent pour héberger gratuitement les voyageurs dans le monde entier.
Nous sommes ainsi logés tour à tour par un ingénieur américain, un musicien-chanteur puis un couple de médecins coréens, qui deux jours plus tard faisaient au mieux pour m’aider (Eric).

Seongah et son mari
Seongah et son mari

En effet, en Corée on mange et dort à même le sol. La casserole d’eau bouillante prévue pour le café, me saute sur la jambe nue. Le temps d’évacuer l’eau de la paume de la main et la viande se retrouve à nu.

Seongah m’emmène directement à la clinique de son mari où je suis parfaitement soigné et gratuitement, puis le pharmacien nous offre les médicaments nécessaires.
Le lendemain, bien enrubanné, nous roulons 70 km afin de trouver un endroit tranquille et attendre quelques jours pour une bonne cicatrisation. Une mobylette nous arrête pour nous photographier et nous remet l’équivalent de 20 € pour nous aider dans le voyage, impossible de refuser. En parlant de l’hospitalité coréenne, nous racontons plus tard l’histoire à un Canadien sur une terrasse de café. En s’éclipsant, il glisse aussi 20 € dans le sac de Christine, trop tard pour le rattraper !

Au fil de la route, nous voyons plusieurs tumulus, amas de terre surmontant une sépulture.

Les tumulus
Les tumulus

Nous rencontrons Rosanne, une Anglaise-Indo-Kenyanne-ex-femme-de Pakistanais qui nous invite au restaurant, accompagnée de l’imam de Corée, une célébrité religieuse, un Pashtun Pakistanais à grande influence islamique. Son attitude est au minimum équivoque, oscillant entre son ouverture à la compréhension de notre culture et sa gêne à être accompagné (dans son environnement d’admirateurs) de personnes si différentes de lui. Notre voyage semblait le faire beaucoup réfléchir.

Avec Rosanne et l'imam de Corée
Avec Rosanne et l'imam de Corée

Et pour se donner la pêche, on avale une bonne coupelle de vers à soie, de bonnes protéines avant de visiter le village d’Hahoe.

Vers à soie
Vers à soie

Hahoe village
Hahoe village

Dans le village, chaque semaine une représentation de la danse du masque d'Andong. 9 masques de bois (12 à l’origine) représentant des personnages de la société, qui dansant d’une manière satyrique critiquait ainsi l’ordre établi.

Danse du masque d'Andong
Danse du masque d'Andong

Et bien sûr, pour les fins gourmets ou les curieux gastronomes, la Corée est d’une alimentation intéressante. La cuisine coréenne est probablement la plus saine du monde avec peu de friture, beaucoup de légumes, peu ou pas de graisse et viandes grillées. Les Coréens connaissent les qualités médicales de chaque aliment et mangent pour leur santé.

Quelles moules
Quelles moules

Raies séchées
Raies séchées

Puis on visite le temple de Naksansa avant de bivouaquer sur la plage de sable. Temple en bord de mer utilisé essentiellement pour la méditation. Décidément, un peu d’eau brûlante tombe sur notre tapis plastifié et m’enlève cette fois une petite partie de la peau de mes fesses (pas de photo...)

Temple de Naksansa
Temple de Naksansa

Nous sommes maintenant proches de la Corée du Nord. Toutes les plages sont fermées avec les barbelés militaires, alors nous entrons dans l’intérieur du pays afin de traverser les montagnes centrales de Seorak, parc national. Malheureusement, malgré notre attente de trois jours, le temps n’est pas avec nous. Nous montons au sommet dans la brume.

Montagne du Seorak San
Montagne du Seorak San

Le parc Seorak San
Le parc Seorak San

Nous avions rencontré Joa en Jordanie quatre année auparavant. Cette fois nous la retrouvons dans son pays d’origine, et restons quelques jours chez elle. Cette artiste danseuse chorégraphe pour le moins marginale et sentimentale, nous fait passer de bons moments. L’amour qui s’échappe de son crâne rasé est une bouffée d’air neuf. Nous visitons ensemble Séoul.

Bukchon Village à Séoul
Bukchon Village à Séoul

La copine Joa
La copine Joa

Gardes du palais de Gyeongbokgung
Gardes du palais de Gyeongbokgung

Encore un pays que nous méconnaissions et qui nous a fait preuve d’une incroyable hospitalité. Il n’y a désormais plus qu’à l’église (à Chypre) et au temple (à Pusan) que l’on s’est fait chasser !
La gentillesse des Coréens est remarquable. Il est facile d’y voyager à vélo. Nous quittons la Corée du Sud par bateau. Face à la côte ouest il y a la Chine où nous retournons une seconde fois

Coréenne en vêtement traditionnelle
Coréenne en vêtement traditionnelle

Nous sommes au km 41’728. Ma jambe (Eric) a une peau de bébé, toute neuve !
Et nous avons la pêche pour continuer notre ballade à vélo.