FrançaisEnglish

Le désert d'Ubari entre Ghadames et Ghat
Le désert d'Ubari entre Ghadames et Ghat

Suite et fin de nos étapes libyennes
Nous quittons déjà cette immense Libye, après 74 jours et 3'444 km (+ 840 km en 4X4 à travers le désert). Je rappelle que nous avions fait 3'386 km de la maison à la douane libyenne. Notre visa de trois mois nous permettrait de rester encore quelque jours, mais notre objectif et gros morceau est d'attaquer la traversée nord de l'Himalaya au plus tard début juin, et le Turkménistan n'est pas tout proche.
Reprenons donc notre histoire où nous l'avions arrêtée, c'est-à-dire : Ghadames, où nous attendions de trouver une voiture 4X4 qui nous descende à Ghat par le désert d'Ubari. Pas de route et la piste longeant la douane algérienne est interdite, c'est donc plein désert, boussole en main sur 840 km que nous ferons le parcours en 4 jours entiers, vélos sur la galerie. Les paysages absolument magnifiques sont tous plus beaux et différents les uns des autres. Nous n'en dirons pas plus, regardez la douzaine de photos ci-dessous, et clic :

L'homme se sent parfois tout petit
L'homme se sent parfois tout petit

Et les formes changent
Et les formes changent

Parfois trop drôle
Parfois trop drôle

Et les teintes changent
Et les teintes changent

Et la vision se brouille
Et la vision se brouille

Sécheresse
Sécheresse

A côté d'un tronc d'arbre pétrifié
A côté d'un tronc d'arbre pétrifié

Ghat au sud Libye
Si elles vous plaisent, vous pourrez en voir d'autres sous la rubrique 'photos'. J'en profite pour répondre à certains d'entre vous : "aucune retouche sur les photos, elles sont prises et posées directement sur le site".
Arrivée à Ghat, ambiance de cité du désert, point de rencontre de nombreux touareg en vêtements traditionnels, labyrinthe de ruelles dans la ville ancienne construite en terre séchée, le tout surplombé et protégé par un fort italien de l'époque coloniale.

Vue du fort italien
Vue du fort italien

Abdou qui fait des petits cadeaux à Christine
Abdou qui fait des petits cadeaux à Christine

Pédalons vers le nord-est
Le site de Ghat est idéal pour le repos, camping avec des dromadaires curieux qui nous observent par la lucarne de la douche, repos au soleil dans des chaises en osier, lavage et décrassage général, dessablage des vélos (et des oreilles) et graissage sérieux pour préparer la remontée sur le nord-est et rejoindre la côte méditerranéenne à Benghazi à environ 2'100 km. Quelques villages sur la carte. Nous nous sentons très loin. La première étape est de 127 km, peu de monde sur la route. On bivouaquera sous les étoiles à 300 m de notre petite route, au fond du seul petit dénivelé existant dans ce désert absolument plat.

Dans un tout petit creux
Dans un tout petit creux

On estimait à 2 km de distance un groupe de quelques lumières, bizarre, rien sur la carte. En fait, le lendemain nous ferons 27 km avant d'arriver à un campement. Probablement une station de pétrole. Les distances dans le désert semblent plus proches, serait-ce la pureté de l'air ? La route serpente doucement dans la plaine sableuse entre les massifs montagneux qui se succèdent.

Montagne démoniaque à l'arrière plan
Montagne démoniaque à l'arrière plan

Il fait froid la nuit, voire très froid. Nous le savions, mais au fond n'y croyions pas vraiment. On nous a dit - 12°. Nous avons eu la glace dans les gourdes. Dur dur de sortir de son duvet et prendre son petit-déjeuner assis dehors. Le 19 janvier, nous avons fait notre plus longue étape : 156,45 km à une moyenne de 23,5 km/h, c'était chouette avec le vent dans le dos. Nous resterons les deux jours suivants à farnienter au camping Tombouctou. C'est la fête de l'Aïd el Kebir. Nous passerons la journée avec le patron et sa très grande famille.

Une grande famille
Une grande famille

Et repartirons sur la route, comme d'autres, à chacun sa manière..

Qui arrivera le premier ?
Qui arrivera le premier ?

Puis, du désert aride nous passons à une luxuriante verdure, d'un coup, sans transition. C'est le Wadi al Hayat (wadi = oued ou lit de rivière) très fertile, de nombreuses cultures d'oignons parmi les palmiers. Il fera 200 km.

Le 24 janvier, ravitaillement sérieux pour les km à dévorer dans l'inconnu. Route sèche comme disent les libyens, c'est-à-dire désertique sur une très longue distance. La première journée est difficile et une tempête de sable surgit d'un coup en fin d'après-midi. Nous luttons pour ne pas chuter et cherchons un trou, une faille pour se protéger. La tente tiendra-t-elle ? alors on monte de petits murets de pierres pour se protéger. C'est un fait : les conditions climatiques changent très vite et sans prévenir. Le lendemain, récompense de l'effort, on traverse la Montagne Noire, paysage sauvage de pierres basaltiques. Spectaculaire.

A l'infini et dur dur de marcher
A l'infini et dur dur de marcher

Nous nous reposons à l'auberge de jeunesse de Hun, petite ville paisible, agréable avec de belles palmeraies et un quartier ancien en restauration. Juste le temps d'être frais et réorganisés pour atteindre les bords de la Méditerranée en faisant les 900 km restants. Les bivouacs sauvages vont s'enchaîner dans de beaux endroits.

Comme chez nous dans la neige
Comme chez nous dans la neige

Au lever du jour
Au lever du jour

Paysage grandiose de plateaux rocheux cassés et érodés.

Les plateaux ne sont d'ailleurs pas les seuls à être cassés..

Cette route est défoncée sur 70 km et finira par disparaître totalement dans le sable. Comme pour nous narguer, des dromadaires sauvages étaient là où la route disparaissait; la nature voudrait-elle reprendre ses droits ?
Ces dromadaires si paisibles nous entendent arriver à 300 m. Ils nous observent et s'enfuient en voyant nos drôles de montures. Plus vexant encore, ils n'ont pas peur des camions qui les tuent en roulant à vive allure (carcasses le long des routes). Mais ces mêmes camions rendent aussi la vie plus facile à ces dromadaires paresseux :

Les paresseux
Les paresseux

Au nord, nous aurons une succession d'invitations étrangères : dans une grande compagnie hollandaise, chez des iraniens, puis chez un canadien et une colombienne. Cinq jours comme chez nous avec douche, confort et coutumes européennes. Une petite pensée à notre ami sculpteur Jean-Marc Tournois (www.tournois-sculpteur.com) en faisant la connaissance d'Ali Wakwak, seul artiste sculpteur de Benghazi (deuxième ville de Libye).

Il nous reste 500 km pour atteindre l'Egypte. Nous longerons la côte méditerranéenne sur notre gauche, paysage de Côte d'Azur inhabitée avec plusieurs centaines de km de plages, et les Montagnes Vertes (Green Mountains ou Djebel Akdar), poumon vert de la Libye, sur notre droite.

Les villages se succèdent dans l'arrière-côte, c'est un retour à la civilisation avec ses voitures et ses camions. On visitera cinq sites antiques, dont Cyrène, le plus connu.

Au revoir
Puis on découvre de jolies petites villes dont les guides ne parlent pas, comme Dernah et Tobruk, pour arriver à la douane où nous attendrons 4 heures une signature, à cause d'une formalité dont nous n'avions pas eu connaissance.
La Libye restera pour nous un formidable exemple d'hospitalité, de bonne humeur et savoir vivre (voir notre texte précédent). Leur expression favorite "mafich mouchkla" ou "pas de problème" se colle à toute situation, on trouve toujours une solution. Les paysages sont variés et superbes. Les déserts passent du blanc à l'orange et de la pierre au sable fin. Les djebels caillouteux du sud se couvrent d'une luxuriante végétation au nord. Les centaines de kilomètres de côte méditerranéenne sauvage ont des plages de sable fin et des falaises abruptes. D'autre part, les sites antiques sont exceptionnels. Merci aux libyens de nous avoir fait passer de si bons moments sur tout cet itinéraire.

Un total de 3'444 km en Libye
Un total de 3'444 km en Libye